RENCONTRE AU SOMMET

Ce week-end, nous avons la visite d’Annie et de ses filles. Au programme : tartiflette (y’avait longtemps !), et parcours « acrobranches » le dimanche. La météo avait annoncé du très beau temps mais très stable (trop ?) alors je me dis que ce n’est pas la peine de sortir ma « U » et je propose des biplaces. Agathe et Camille sont partantes. On prépare le matériel et le pique-nique. Au moment de partir, j’arrête brusquement le moteur. « Qui a pensé aux sellettes ? ». Personne comme d’habitude ! Ouf, cette-fois-ci, je n’aurai pas besoin de rebrousser chemin. La veille, en revenant de la via ferrata de Thônes, on s’est aperçu en arrivant à Annecy qu’on n’avait pas rendu les longes… Donc, retour à Thônes. Il faut vraiment penser à tout !

On arrive à Planfait, quelques ailes ont décollé et tiennent déjà en l’air. Il est à peine midi, c’est rare à cette heure-ci. On avale un sandwich en vitesse et avec Agathe on se prépare. C’est son premier vol, alors je lui explique comment ça va se passer, on regarde quelques ailes décoller… Il y a peu de vent, c’est de face, je choisis un décollage dos à la voile, en courant tranquillement, et en quelques secondes, on se retrouve en l’air. C’est calme, ça monte doucement devant le décollage, on se promène un bon moment.

Agathe est ravie, la vue splendide, je ne m’en lasse décidément pas. On se pose 45 mn plus tard et c’est au tour de Camille. La masse d’air est déjà plus agitée et ça rentre plus fort. Ce sera décollage face à la voile : Je lève l’aile, la contrôle, me retourne et hop, à nouveau en l’air. Camille fait quelques bouts de films (il faut bien alimenter pour les montages futurs). Un thermique puissant nous emmène directement aux Dents de Lanfon. Je choisis de rentrer rapidement car le parcours « acrobranches » demande pas loin de 2 heures et demi. On prend un stoppeur au passage et c’est dans la voiture que je comprends soudain que je n’ai pas tout compris : ils vont tous faire le parcours, donc je n’ai plus de passager… Comme je n’ai pas spécialement envie de grimper aux arbres, j’annonce que je demanderai au déco si quelqu’un veut voler avec moi. Le parapentiste que nous avons pris en stop me dit que ce n’est vraiment pas de chance car il vient souvent avec des amis qui ne demanderaient que ça… Pas de chance, aujourd’hui, il est tout seul.

De retour au décollage, je pose l’aile sur la pelouse synthétique et annonce à la cantonade : « Quelqu’un serait-il intéressé par un biplace ? ». Silence, mais je vois que les personnes présentes paraissent perplexes et je réalise à ce moment combien ma demande peut paraître étrange. Qui osera se jeter dans les airs avec quelqu’un qu’il ne connaît pas ? Une jeune femme à côté de moi me fait comprendre qu’elle serait bien venue mais qu’elle n’est malheureusement pas chaussée correctement. Je n’insiste pas car je ne voudrais pas être la cause d’une entorse. Je demande quand même à l’homme qui l’accompagne (il porte des baskets) si ça ne l’intéresse pas. Le non est catégorique. Une autre jeune femme s’approche (les femmes seraient-elles plus courageuse que les hommes ?). Je la sens cependant hésitante alors je sors l’artillerie lourde pour la convaincre ; non, je ne suis pas fou, j’ai une qualification officielle, je suis assuré, j’ai une aile quasiment neuve et très fiable, un parachute de secours, je vole depuis 20 ans… Je suis plutôt un parapentiste calme et sérieux. La preuve ? Je lui présente Isa, Guillaume, lui explique qu’ils volent avec moi… d’habitude. Elle me demande alors pourquoi j’ai besoin de quelqu’un. J’explique le plan « acrobranches », que j’ai envie de voler, pas de sauter de branche en branche. Elle remarque la cheville d’Isa : « En parapente ?

- Euh, non, ». Plus bêtement, en marchant (comme quoi !).

Son mari arrive, un peu étonné de la situation. Après quelques minutes d’explications supplémentaires, j’ai donc une nouvelle passagère. On fait les présentations ; Isabelle, Isa, Didier, Manu… Je soigne la préparation, explique la manœuvre de décollage, qu’il n’y aura pas grand-chose à faire, seulement m’aider un peu à résister à la force du vent puis faire quelques pas, ne pas s’asseoir dans la sellette avant qu’on ait décollé… Je laisse une radio à Didier car je le sens un peu inquiet, il pourra suivre nos évolutions.

Le décollage est facile et rapide, comme avec Camille, et tout de suite ma passagère me dit que c’est génial. La petite appréhension d’un premier vol est dissipée et le plaisir de voler, la beauté du paysage prennent le dessus. Je sais, au ton de la voix, que tout va bien. On se balade tranquillement le long de la crête. Je passe derrière car j’aimerais bien pouvoir monter aux Dents de Lanfon, mais les thermiques se dissipent trop vite, c’est assez cyclique et par moments il n’y a plus rien (c’est déjà la fin de l’été).

J’y retourne plusieurs fois, mais rien à faire, au mieux, j’arriverai à l’altitude de la base des falaises. J’en profite pour expliquer ce qui se passe, commenter les manœuvres, comment on enroule, les règles de vol, les priorités (aujourd’hui, c’est plutôt calme, il n’y a pas grand-monde…) On regarde les différents sommets, le lac parsemé de petites taches claires… Par moments on ne dit rien, seul le bruit du vent et le bip du vario nous accompagnent. Isabelle n’est pas avare de superlatifs. Le plaisir qu’elle ressent à voler est une superbe récompense. De temps en temps, elle appelle son mari, pour le rassurer. Au bout d’une heure et demie, on décide d’aller se poser. Pas mal pour un premier vol ! Après un atterrissage typique baptême de parapente (sur les fesses pour la passagère), Didier, qui a anticipé notre descente, arrive au terrain. Sa femme lui explique le vol en détail… souvenir inoubliable ! Et on finit comme il se doit devant une bière.