LA BOUCLE EST BOUCLÉE (ENFIN!)

C’est la fin du mois d’août. La météo annonce une journée moyenne : pas de gros plafonds en vue… mais grand beau. Je décide d’aller quand même voir du côté des nuages car l’idée de rester au sol avec un soleil pareil m’est tout simplement… insupportable. Après un décollage plutôt difficile, comme chaque fois que c’est un peu de travers (l’aile part complètement à gauche et me demande un contre quelque peu énergique), je me retrouve en l’air, indécis sur la suite des évènements. Il y a du monde partout, ça tourne de tous les côtés, ça monte, ça descend et c’est plutôt fort et agité (le vent météo rentrant un peu en nord, c’est donc normal).



Vue sur le décollage de Planfait

Je quitte la cohue et passe derrière le décollage. Je monte rapidement aux dents de Lanfon puis prends la direction du Veyrier. Là, c’est déjà nettement plus calme et beaucoup moins fréquenté (sur la masse des parapentistes, finalement, on n’est pas si nombreux à nous aventurer hors des sentiers battus).


Montée aux dents de Lanfon


Transition Lanfon - Mont Veyrier - Semnoz

Le thermique de service me propulse à 2100 mètres et je commence à me dire que je vais peut- être réussir à faire un beau vol. J’entame la traversée du lac avec la ville d’Annecy à ma droite. Au milieu, j’ai un moment d’hésitation car un gros nuage sur l’ouest a mis le Semnoz à l’ombre et risque d’empêcher la convection nécessaire à la poursuite de la promenade. Je tente quand même, car en fait j’ai horreur de tourner en rond autour du décollage. Et puis qui ne tente rien n’a rien... si je veux arriver à faire tous les cross qui se font dans la région, je dois éviter de ne voler qu’en conditions idéales. La clé d’un cross, c’est souvent un point bas, un passage difficile où on bataille pendant une heure, à patienter en attendant le thermique salvateur. Et puis tant pis, si ça ne passe pas, je n’aurai qu’à me vacher et tendre le pouce. Au moins j’aurai tenté. J’arrive assez haut de l’autre côté, je passe la Visitation avec une assez bonne réserve d’altitude. Le vario bipe, faiblement mais bipe quand même. Rien n’est perdu. Deux autres ailes sont nettement plus bas, pour eux ça va être dur de remonter (je les verrai d’ailleurs se vacher quelques minutes plus tard). Un parapente est à ma hauteur : on remonte ensemble la partie basse du Semnoz. Ça n’est pas très fort et par moment, on avance sans gagner le moindre mètre d’altitude, mais au moins, on ne descend pas. Finalement, à force de grappiller quelques mètres par-ci par-là, d’optimiser le moindre thermique, on se retrouve devant le décollage du Semnoz où plusieurs ailes sont étalées, prêtes à partir.


Vue sur le décollage du Semnoz

Un bon thermique régulier me monte au plafond. Je pars alors sur le Roc des Bœufs, vent arrière à plus de 60 km/h. J’ai les mains gelées à cause de l’air frais à cette hauteur mais aussi à cause de la position de pilotage, bras hauts, avec en plus un tour de frein autour des mains, ce qui me ralentit la circulation sanguine. J’ai l’habitude et comme chaque fois, je finirai le vol, les doigts tout engourdis.


Transition Semnoz – Roc des Bœufs (vue depuis les dents de Lanfon)


Au Roc des bœufs, je suis seul. Une aile y arrivera quelques minutes plus tard, suivie d’un delta. Je n’ai pas longtemps à chercher un nouveau thermique qui va me permettre de gagner l’altitude suffisante pour faire la transition sur le col de la Forclaz. Là, c’est le deuxième passage clé de ma promenade. En fin de journée, le vent y rentre souvent fort, suffisamment pour nous empêcher d’avancer et de rentrer sur Planfait. Plusieurs de mes tentatives s’y sont terminées… avec une bière à la buvette de l’atterro de Doussard. Aujourd’hui j’ai envie de me bagarrer. Ca me prendra une heure à lutter contre la masse d’air, à chercher la moindre petite bulle et finalement à avancer petit à petit.


Transition Roc des Bœufs – la Forclaz
Retour à Planfait

Arrivé de nouveau aux dents de Lanfon, je me dis que je ferais bien un autre tour (au moins le petit). Mais finalement, le soleil déjà bas, les mains toujours gelées, l’air agité qui ne s’est pas calmé auront raison de ma motivation. Alors, je vais me poser tranquillement… à quelques mètres de ma voiture !

Ça y est, je l’ai enfin bouclé, ce tour du lac, ce n’était pas trop tôt !