Le thermique de service me propulse à 2100 mètres et je commence à me dire que je vais peut- être réussir à faire un beau vol. J’entame la traversée du lac avec la ville d’Annecy à ma droite. Au milieu, j’ai un moment d’hésitation car un gros nuage sur l’ouest a mis le Semnoz à l’ombre et risque d’empêcher la convection nécessaire à la poursuite de la promenade. Je tente quand même, car en fait j’ai horreur de tourner en rond autour du décollage. Et puis qui ne tente rien n’a rien... si je veux arriver à faire tous les cross qui se font dans la région, je dois éviter de ne voler qu’en conditions idéales. La clé d’un cross, c’est souvent un point bas, un passage difficile où on bataille pendant une heure, à patienter en attendant le thermique salvateur. Et puis tant pis, si ça ne passe pas, je n’aurai qu’à me vacher et tendre le pouce. Au moins j’aurai tenté. J’arrive assez haut de l’autre côté, je passe la Visitation avec une assez bonne réserve d’altitude. Le vario bipe, faiblement mais bipe quand même. Rien n’est perdu. Deux autres ailes sont nettement plus bas, pour eux ça va être dur de remonter (je les verrai d’ailleurs se vacher quelques minutes plus tard). Un parapente est à ma hauteur : on remonte ensemble la partie basse du Semnoz. Ça n’est pas très fort et par moment, on avance sans gagner le moindre mètre d’altitude, mais au moins, on ne descend pas. Finalement, à force de grappiller quelques mètres par-ci par-là, d’optimiser le moindre thermique, on se retrouve devant le décollage du Semnoz où plusieurs ailes sont étalées, prêtes à partir.