Le mariage des prêtres… Où t’as vu qu’il était écrit que c’était interdit ? Dans un de tes vieux bouquins ? Ecrit par qui ? Pas par Dieu en tous cas ! T’as vu le résultat ? Le pire c’est que ça ne te fait même pas changer d’avis (tu connais le dicton ?). Des générations entières de gosses sont passées à la casserole, en commençant d’ailleurs souvent par les séminaires (bizutage ou mise en conditions ?). Aujourd’hui, ces affaires remontent à la surface. Mais avant ? Ce n’est pas parce qu’on n’en parlait pas que ça n’existait pas. Depuis combien de temps cela dure-t-il ? Que s’est-il passé dans les sombres antichambres des maisons paroissiales, dans les presbytères, les abbayes, les cloîtres, les monastères… ? On a donné le statut d’être humain à part entière aux enfants, il n’y a que quelques décennies seulement. Avant, on pouvait tout faire puisque que c’était des êtres imparfaits, non achevés. On pouvait même taper dessus, t’as vu comment ça a changé, ça aussi. T’imagines les adultes que ça donne quand ils sont passés dans les mains (!) de curés en mal d’amour. T’as pas remarqué que chez les pasteurs, on ne trouvait pas d’affaires de pédophilie ? T’as pas une petite idée ? Protestants, église réformée… les mots eux-mêmes montrent que la fronde est ancienne. Et pourtant tu t’accroches ! A pas vouloir lâcher l’arbre qui tombe, tu vas finir par te vautrer avec ! Revenons à nos prêtres pédophiles ! Je vais t’avouer que j’ai servi la messe jusqu’à l’âge de quinze ans. Je me suis marié à l’église (oh ! t’inquiète, c’était sans très grande conviction) ; le prêtre qui m’a marié a été mon mentor pendant plusieurs années. J’avais faites miennes un certain nombre de ses valeurs, j’y croyais, pas vraiment en Dieu, mais en ce qu’il pouvait représenter de bon et de beau. Quelle n’a pas été ma déception quand quelques années plus tard, il a été condamné à huit ans de prison pour « actes répréhensibles à l’encontre d’adolescent(s) ». Quand je pense que j’ai même failli passer à la casserole (j’ai eu du bol, car à cette époque, il n’avait pas encore commencé). Le plus rigolo, c’est qu’on était plusieurs à penser qu’il avait des relations avec des femmes, et que du coup, on lui trouvait un côté un peu « normal ». Donc tu vois, je ne suis pas tout à fait vierge (le mot me plaît), question religion ! Tu crois que j’enseigne quoi, à mes enfants ? Qu’il faut mentir, se bagarrer, être égoïste… ? Tu crois que j’ai attendu ton Dieu pour apprendre le sens de la vie à mes enfants, le sens des choses bien faites, le respect… l’amour ! Tu ne représentes pas Dieu, tu représentes ton dieu et ton dieu, il est ce que tu en as fait : un objet de pouvoir sur les hommes et sur leurs enfants. Le pire dans les actes de pédophilie, c’est qu’ils s’appuient sur l’objet de l’amour des autres. Un prêtre ne peut pas se marier (j’imagine pourtant sans peine que certains respectent leur vœu de chasteté), alors il use du fruit de l’amour d’une femme avec un autre homme. Côté psychanalyse, il doit y avoir un gros boulot à faire. Freud doit bien se marrer. S’en prendre à un enfant est la pire des lâchetés ! Comment tous ces prêtres peuvent-ils arriver à vivre avec ça ? Ah, oui, le suicide est interdit dans ta religion ! Et puis de toute façon, ton dieu, il pardonne, c’est vrai, j’avais failli oublier. Et tu crois que les enfants, eux, oublient ? Ah, suis-je bête, eux aussi vont pardonner… Et leurs parents ? Idem ? Et la boucle est bouclée. Nous ne sommes donc que faute et pardon ! Ca me rappelle le temps où j’allais à la messe – rigole pas, j’avais fait un lapsus, j’avais écrit fesse. Tu me diras, de l’une à l’autre, il n’y a qu’un M (comme je t’M) – il fallait se confesser et on avait toutes les peines du monde pour trouver suffisamment de péchés, car le pardon était proportionnel au nombre de fautes avouées. C’est cool, ton truc ! Faudra que j’essaie ! Le problème, c’est que mon Dieu à moi (s’il existait, mais je t’ai déjà dit que c’est des conneries), il me permettrait pas cette saloperie, c’est un peu trop facile, et il n’y a que les gens malhonnêtes comme toi pour penser de cette sorte.