AIRCROSS UN JOUR AIRCROSS TOUJOURS ?

Ça y est, j’ai basculé dans le team Aircross avec la Usport que je viens d’acquérir (ne t’inquiète pas, mon ami Pascoual, tu pourras dire à Alex que je troquerai ma casquette Nova – souvenir de ma Sphinx qui fut en son temps une belle réussite de ce constructeur – contre une casquette AIRCROSS, plus à la mode, au moins dans les Vosges). Les débuts ont été laborieux, d’abord parce qu’il m’a fallu un mois et demi pour enfin la recevoir cette U (comme Ultima et pas les nouveaux commerçants), à tel point que j’ai failli craquer pour une Sygma 7 dont j’avais fait l’essai chez les « Passagers du vent » (j’avais d’ailleurs beaucoup apprécié son « glissé » dans l’air, cette sensation de plané…). Bon, j’ai fini par l’avoir après moult emails, coups de fils… et interventions de Pascal auprès de Gibus, le génial concepteur vosgien qui a commencé en se cousant son propre parapente avec une simple machine à coudre. Il était temps, j’en avais un peu assez de gâcher de belles journées de vols avec la Sygma 4, sous laquelle je n’étais plus très serein.

Durant le mois et demi d’attente, j’ai cherché un peu sur internet ce qui était dit sur les ailes AIRCROSS dont la réputation ne fait que monter (beaucoup de U se retrouvent dans les premières places des grandes compétitions), mais au lieu de me rassurer, ça me met le doute. Les qualificatifs sont en même temps élogieux et angoissants (la preuve ? on retrouve le commentaire « aile de caractère » en même temps dans les « plus » et dans les « moins ») : aile vive, vivante, ne demande qu’à se libérer de son énergie, à ne pas mettre entre toutes les mains, ne surtout pas la laisser partir, les 360° engagent très fort… Est-ce bien une aile pour moi, qui n’ai pas vraiment beaucoup volé ces dernières années. Pascal m’incite au moins à l’essayer en me disant que je vais halluciner devant ses qualités de vol dans les cross, Sylvie (c’est la personne avec qui je suis en contact chez AIRCROSS) me dit que je risque de le regretter si j’opte pour la Sygma 7… On verra !

Bon, me voilà au déco le premier jour des vacances. J’étale la voile en l’inspectant et surtout en l’admirant : c’est vrai que c’est une belle machine, je me prends déjà à rêver ! De plus, la qualité du travail de couture se remarque, le profil est net, parfait. Je remarque aussi la quantité incroyable de renforts dans les caissons, les fixations des suspentes sur la toile, des suspentes de freins sur le bord de fuite… de l’artisanat d’art, ainsi que le disait un article de « Vol Libre ». Je la gonfle pour une dernière inspection avant décollage ; je suis aussi surpris par le nombre de suspentes de chaque côté : 9, presque 2 fois moins que sous ma Sygma. Je la lève, la fais monter au dessus-de moi… et manque de me faire dépasser (pourtant je le savais pour l’avoir lu). Je la rattrape et décolle. Après quelques virages devant le déco, je passe derrière sans réserve d’altitude, confiant dans ses performances (je n’aurais jamais osé, avant), et ça passe tranquille. Tout de suite je me sens assez à l’aise, pas vraiment de stress, la voile glisse dans l’air. Je la sens cependant nerveuse, mais ne serait-ce pas plutôt moi ?

En fait, je réaliserai aux vols suivant que je la pilotais comme la Sygma, avec des mouvements aux commandes francs, engagés… et elle réagissait de suite. Avec la U, il me faudra plus de douceur, ne pas enfoncer les commandes aussi radicalement car elle aussi part de suite… avec un peu plus d’énergie. Rapidement, je trouve un thermique et j’enroule. Le virage n’est pas aussi facile, j’ai du mal à rester dedans. Il me faudra aussi un peu de temps pour l’apprivoiser.

A l’avant des dents de Lanfon, je suis à peine à la hauteur du sommet. Je m’engage quand même sur le Parmelan. J’arrive de l’autre côté nettement plus haut que si j’avais volé sur la Sygma et à nouveau, je repars vers les hauteurs. Sans me poser de question (j’aurais peut-être dû car le vent rentre un peu en nord) , je longe la crête. Je suis nettement au-dessus, la voile vole vite, je laisse faire. Je ne trouve plus vraiment de thermique digne de ce nom ; ça aurait dû m’alerter.

Excès de confiance sous une aile qui me fascine déjà en même temps qu’elle me fait un peu peur. Arrivé au bout des falaises, ça commence à descendre, je ne trouve plus rien. Alors, je décide de faire demi-tour, mais ça continue de descendre. Et ça descend de plus en plus vite (eh oui, comme ça rentre un peu en nord, je suis du mauvais côté, dans la masse d’air descendante). Mon vario me donne des -4, -5 m/s, en émettant un « beuhhh » particulièrement désagréable (quand ça monte, il émet des bips rassurants dont la fréquence est proportionnelle à la vitesse de montée.

Quand ça descend à une vitesse supérieure à -2m/s, le son est continu, dans les graves). Je comprends alors que je ne reviendrai pas à mon point de départ. Je suis prêt pour une vache et commence à repérer un espace dégagé… que je n’atteindrai pas car je vais descendre encore plus vite. Je me pose au raz des pâquerettes, sur le chemin entre une maison et le jardin d’une autre. Une ravissante jeune femme vient s’enquérir pour savoir si tout va bien et me demande :

« c’est un atterrissage volontaire ?

- Euh, non ! »…

Je finirai par une petite marche forcée avant de trouver un véhicule qui prendra en stop et la journée s’arrêtera là car les nuages ont envahi le ciel et un cumulonimbus qui semble partir de Genève est en train de faire la liaison avec celui qui se formait derrière la Tournette.

Les vols qui suivent me permettent de m’habituer doucement à cette « bête de cross » dont je ne sais pas encore vraiment tirer parti, mais je sais que ça viendra*. Je passe un mail à Sylvie pour lui confirmer que je serai pilote AIRCROSS et lui demander si je peux garder l’aile que j’ai en essai. J’appelle aussi Pascal qui n’avait jamais douté de l’issue des essais.

Je vous raconterai la suite.

* Quelques jours plus tard, j’ai fait une tentative de descente en 360. Prudemment, j’ai enfoncé une commande. L’aile s’est mise à tourner, d’abord doucement, sur 2 ou 3 tours. J’ai alors appuyé un peu plus sur la commande… et l’aile est partie, d’un coup, sans crier gare. Elle a engagé vraiment fort et en 2 tours, j’étais déjà centrifugé. Bon, il faudra que je m’entraîne pour m’habituer à ce genre de sensations.