DU LAC... AU LAC !

Rejoindre les 2 lacs en parapente ! Celui d’Annecy à celui du Léman ! Un objectif sympa mais qui n’est pas très facile à réaliser. J’ai déjà fait 2 tentatives et chaque fois je suis allé un peu plus loin, mais pour l’instant je n’ai fait que la partie la plus facile (la 1ère moitié, jusqu’à Bonneville, celle qui emprunte les grands reliefs). La 2ème demande plus de connaissances du terrain car les reliefs sont plus bas et les ascendances moins puissantes.

Lundi 19 avril

J’ai réussi à atteindre Bonneville, mais impossible de franchir le Môle où je me suis fait secouer les plumes (normal puisqu’on se prend pour des oiseaux) et enterré à moins 6 m/s. Je n’avais pas assez d’altitude au départ de la pointe d’Andey, croyant que la rue de nuages toute tracée m’indiquait le chemin et me tirerait bien un peu vers le haut. Que nenni !

Mercredi 21

Je retente l’expérience, le vent météo étant favorable (pas très fort et à peu près dans le bon sens). Je décolle à midi (après avoir assisté à un décollage « banzai » d’un papi qui avait dû s’acheter un parapente en croyant que c’était un cerf-volant. Ces deux derniers jours, il y a d’ailleurs eu 2 « cassé » au déco : une cheville et un dos, le 2ème ayant été évacué par les pompiers.

Ca commence mal, je manque de me faire enterrer au Parmelan, à cause d’un petit excès de confiance : au lieu de faire un gros plafond quand j’ai franchi la première barre, j’ai pensé que j’avais largement de quoi faire avant d’atteindre le bout de la chaîne. Malheureusement je n’ai rien trouvé d’autre et j’ai commencé une descente qui m’a paru excessivement longue.

C’est en sortant de la vallée et déjà assez bas que j’ai trouvé le thermique salvateur qui me remet dans la course. Il y a une dizaine d’ailes dans le coin, ce qui montre que ce côté a inspiré pas mal de monde aujourd’hui. Les conditions sont excellentes depuis quelques jours et de nombreux pilotes locaux ont avalé les km (177 km notamment pour un aller retour par Grenoble). Je n'en suis pas encore là mais ça viendra, il faut que le métier rentre.

Tout d'abord, sortir du bocal (11), repérer les bonnes routes de tous les côtés, apprendre les passages clés, optimiser les transitions… Le cross en parapente est un plaisir intense mais ce n’est n’est pas si simple et cela demande un gros engagement. A un moment ou un autre, on va nécessairement se retrouver confronté à une difficulté imprévue, une brise de vallée qui vous bloque, un thermique qui n’est pas au rendez-vous, une décision à prendre rapidement…

Je me laisse glisser en direction de la montagne de Sous-Dine. Ensuite, tout va bien jusqu'à la pointe d'Andey, les thermiques sont au rendez-vous. Je me méfie et évite de recommencer l'erreur du début : je prends tout ce qui vient. Je fais un plafond à 2600 m et transite sur le Môle. Là, j’évite de reproduire l’erreur de lundi et me dirige vers une petite falaise située à l’ouest du sommet, plus proche et mieux orientée dans la brise de vallée. J'arrive très très bas mais ça bipe tout de suite et je remonte en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, catapulté vers le sommet par un thermique puissant.

Je passe devant un hameau sur un petit plateau à mi-pente où des promeneurs me regardent passer, se demandant certainement où je peux bien aller comme ça. La suite sera plus courte car de nouveau je choisis la mauvaise option (mais c’est aussi comme cela qu’on avance dans la connaissance du terrain). Je m’engage sur une pente ensoleillée orientée vers l’est car j’estime qu’il encore tôt (à peine 1h00 au soleil) et que ça devrait encore thermiquer.

Malheureusement, la brise de vallée rentre déjà fort en ouest et je plonge vers les abîmes. J’essaie de rebrousser chemin mais je me fais contrer, ça continue de descendre. L’accélérateur me sort de cette zone mais j’ai perdu trop d’altitude et suis obligé de me vacher (à la verticale, sans avancer d’un clou, vous connaissez ?) dans un petit pré en contrebas. Le retour en stop sera aussi long que la balade (c’est d’ailleurs à peu près tout le temps comme ça, il vaut mieux éviter d’avoir des amis à dîner quand on part en cross). le plus souvent, Je tombe sur des gens sympas qui nous prennent car ils reconnaissent nos gros sacs, et je refais en sens inverse et nettement plus bas le chemin parcouru précédemment.