J’y vais quand même, au pire, y’aura qu’à tendre le pouce à nouveau. Je bataille à mon tour pour ne pas me faire enterrer et reste un moment sous le vent du Rundkopf. Ça bouge beaucoup mais ça ne me permet pas vraiment de monter. Je passe alors derrière et longe l’arête qui conduit jusqu’à la pompe des cascades. C’est toujours aussi petit. Alex me rejoint et tout à coup, je le vois s’élever à toute vitesse. Ça y est, ça pompe. Il me faudra 10 bonnes minutes d’allers et retours avant de la trouver moi aussi : c’est l’ascenseur. En peu de temps, je suis au plafond, à 2200 m, sous la base des nuages. Et là, c’est un grand moment de bonheur, ça monte de partout. Un planeur me rejoint et grâce à sa finesse part directement sur le nuage suivant. Pour éviter de passer complètement dans le nuage, je reste à la marge, dans les barbules. Je suis en T-shirt et il fait bon, à peine frais. Je profite longtemps de cette sensation de glissade feutrée, avec le seul bruit du vent. Je glisse de barbule en barbule, je pénètre de courts instants dans cette masse cotonneuse. C’est comme si… je volais !!! Si, si !!! Mon seul regret est de ne pas pouvoir en faire profiter quelqu’un d’autre. Pascal m’appelle à la radio pour me dire qu’à la Bérésina, ça ne décolle plus, qu’ils vont à la ferme auberge. Je les y rejoindrai un bon moment plus tard, après avoir fait un tour au-dessus des Plaines et je me poserai juste en face de la ferme. La bière sera bonne !