ACTE 2

17 avril

Il est 10h00. Je suis de nouveau à Marlens où hier je me suis fait un peu chahuter, mais comme la météo annonce du vent météo moins fort que la veille, cette fois-ci devrait être la bonne. La brise met un certain temps à s’installer et je ne décolle que passé midi. Cette fois-ci, je fais attention à avoir une bonne réserve d’altitude avant de franchir la crête qui monte au Charvin. Effectivement, je ne suis plus sous le vent de la vallée de Faverges et je peux franchir sans problème les « rochers du cardio » comme certains les surnomment.

Après, une balise au Charvin et un bon « plaf », je peux traverser en direction de la dent de Cons. Ensuite, c’est un peu plus facile, il suffit de se laisser glisser le long des crêtes, de prendre de l’altitude quand le vario se met à bipper suffisamment fort. Je réaliserai dans les vols qui suivront que je n’optimise pas assez les thermiques. J’ai tendance à me laisser glisser et à perdre beaucoup trop d’altitude avec le risque de ne pas trouver la pompe qui me ramènera vers les hauteurs.

Je me retrouve ainsi tout au bout de la chaîne des Bauges, juste devant la Savoyarde (cette grande vallée qui sépare les Bauges de la Chartreuse et qui mène à Grenoble. Là, je ne sais pas trop quoi faire. Mon pote Pascal m’a expliqué la route, à peu près où traverser pour pouvoir gagner ensuite le Granier et la dent de Crolles au dessus de Grenoble (avec la certitude de plusieurs dizaines de kilomètres supplémentaires). Problème ! La savoyarde est plutôt large, il n’y a pas de nuage en vallée qui puisse m’indiquer un éventuel thermique. J’hésite car je n’ai pas suffisamment d’altitude puis décide de tenter le retour, la Savoyarde sera pour une prochaine fois. Je n’ai pas encore assez de repères dans le coin, c’est l’occasion de prendre mes marques.

Je retourne donc à la dent d’Arclusaz où je me fais pas mal chahuter sur les pentes ouest. Je vise au loin le Roc des Bœufs que je reconnais aisément, mais entre les deux je ne sais pas trop où aller. Alors je longe le relief, essaie sans succès de passer un premier col (comme je le disais plus haut, je n’ai pas pris suffisamment d’altitude dans le thermique précédent). Je rebrousse chemin, refais un « petit » plein et décide de traverser sur un sommet qui ne me dit rien. Je reconnais quand même un déco parapente où nous avions fait une randonnée automnale l’année précédente (à la maison, grâce à ses repères, je verrai qu’il s’agit de la dent de Pleuven et du Trélod, au-dessus de Jarsy). Je me glisse le long de ses pentes mais là, je ne trouve rien. Alors je glisse inexorablement vers le fond de la vallée. Je reconnais maintenant l’atterro où je me suis aussi vaché l’année précédente.

Au moment où je me prépare pour aller me poser, mon vario fait entendre le son de sa voix. Je suis sauvé, ça repart en sens inverse ; en quelques minutes, je suis de nouveau sous les nuages. Ce n’est pas gagné pour autant (j’apprendrai aussi lors des vols suivants que rien n’est jamais acquis et qu’il faut se battre jusqu’au bout. Une petite erreur d’analyse, un mauvais choix et le vol s’arrête).

Je m’aligne en direction du Roc des bœufs pensant que c’est tout bon. Et bien non, je perds beaucoup plus d’altitude que je ne l’aurais pensé et je n’atteins pas ma cible. Je me retrouve sur les pentes sud et ça descend plus que ça ne monte. Je suis certainement sous le vent qui remonte du lac. A force de gratter, j’arrive à revenir de l’autre côté mais je suis trop bas. En plus, une ligne à haute tension me barre la route, je n’ai pas l’intention d’aller m’y frotter de trop près. Alors, je choisis une belle pâture bien large et je me pose. A la maison, le téléchargement de ma trace GPS me donne 70 km. C’est déjà mieux qu’hier !