PETIT VOL EN AUTONOMIE

Il est 16h00 et il fait grand beau, pas un nuage à l’horizon et l’envie de voler qui me reprend. Bien que je n'aie pas de conducteur sans patte cassée (Isa s'est bousillée la cheville en redescendant du Jalouvre dimanche), ni avec l'âge du permis, je décide d'aller quand même me faire un petit vol en autonomie.

Je pose donc ma voiture en bas du Semnoz, au croisement de la route normale et de celle qui conduit au terrain d'atterrissage (à cette heure, ce serait étonnant qu'il n'y ait pas de voleurs qui aient envie de voler).

Au bout de 10 mn en plein soleil, je commence à me dessécher et du même coup à m'inquiéter. Chance, un van d'Anglais avec des deltas sur le toit me fait signe qu’il est suivi par un autre van avec cette fois des parapentistes, mais pas suffisamment pour occuper tous les sièges : « Hello, guys ! Comment are you ?». Y sont pas très causants vu qu’apparemment y’en a pas un qui parle notre beau dialecte quand même utilisé dans le monde par plusieurs centaines de millions de personnes. Et moi, d’avoir pratiqué l’espagnol pendant 5 ans, j’ai un peu perdu en fluidité.

Bon, c’est pas grave, après quelques politesses d’usage, on se tait car on doit tous avoir déjà la « tête ailleurs». Arrivé sur le parking, je leur souhaite bons vols et je m’éclipse, car plusieurs ailes sont déjà en l’air et je n’ai pas envie d’en perdre une miette. J’étale ma voile, je salue au passage le moniteur qui nous a encadrés pendant le stage « secours » ; il dirige cette fois un stage débutants.

Je me glisse entre 2 stagiaires et m’élève rapidement. Je me balade ainsi pendant une bonne heure, d’un bout à l’autre du Semnoz. Les thermiques sont des « petits pétards » et ça secoue pas mal par moment. Ça me permet de vérifier que l’aile ne ferme pas, en anticipant sur la commande de frein dès que ça ramollit. Je me sens de mieux en mieux sous cette aile et en apprécie maintenant ses performances. Je lui tire le portrait, pour le rayon « souvenirs » et « articles pour mon blog ».

Il y a aussi 2 planeurs dans le secteur ; ils ont un peu de mal à monter car ils virent trop larges pour les thermiques du jour. J’aime toujours quand j’enroule serré et que du coup ils restent plantés sur place. Je leur fais quand même un petit signe amical : sans rancune, c’est pour toutes les fois où c’est nous qui restons plantés.

Je décide d’aller me poser à la maison et contrairement à la dernière fois en biplace où on avait dû se vacher, j’arrive très haut. Je guette pour voir si j’aperçois Camille car je lui ai demandé de me filmer à l’atterro. Je ne vois rien, aucun mouvement… Au moins, je sais qu’ils ne sont pas trop inquiets quand je suis en l’air.

Le GPS me permet de voir d’où vient le vent, ce qui va m’aider pour l’atterro, puisque celui-ci n’étant pas officiel, il n’y a pas de manche à air (il faudra que j’en mette une un jour, j’ai d’ailleurs repéré un lampadaire qui devrait faire l’affaire. C’est quand même plus cool quand on sait d’où il vient).

Je me pose tranquillement, incognito, quasiment à la verticale, car ça souffle bien. Par chance, le paysan du coin vient de ramasser le foin coupé la veille, c’est tout propre. Je plie à la maison. Isa sort avec ses béquilles : « Ha, t’es là ! ». Il ne me reste plus qu’à enfourcher mon vélo pour aller récupérer la voiture.

Les 15 minutes de montée me suffiront amplement car j’ai encore mal aux cuisses de ma descente du Jalouvre dimanche, avec une future plâtrée sur le dos (entre-temps, on est quand même allé faire la via ferrata du col de la Colombière avec les loulous ; elle est belle, longue et aérienne et on s’est bien amusé.