Les blaireaux de la république

LES BLAIREAUX DE LA REPUBLIQUE

Hier, les députés ont proposé que les travailleurs puissent faire don de jours de congé qui seraient redistribués aux soignants pour les remercier de leur action durant la crise du coronavirus. On en a même vu certains se congratuler, s’auto féliciter… Je me demande si on doit en rire ou en pleurer !

D’abord parce qu’on aurait apprécié qu’ils mettent eux-mêmes la main à la poche et proposent de partager une partie de leurs indemnités parlementaires et pas de faire raquer encore et toujours le petit peuple quand on sait que celui-ci ne se relèvera pas indemne de cette crise (entre ceux qui ont perdu leur emploi, ceux qui ont mis ou mettront la clé sous la porte, ceux qui sont au chômage partiel, ceux qui n’ont eu aucune entrée d’argent pendant ces deux mois…). x% de la population possède 100-x% des richesses nationales (à vu de nez 10/90) pourquoi ne pas leur demander à eux de manifester leur soutien aux soignants ? Grands patrons, hauts fonctionnaire, grandes familles aisées, footballeurs, acteurs, gens de télé, animateurs ou autres… en gros tous ceux qui gagnent en quelques jours ce que certains ne gagnent même pas en une vie. Le nombre de chômeurs va exploser, la faim commence déjà à se faire sentir dans certains quartiers et ces trouducs n’ont rien d’autre à proposer (Ha si, aux dernières nouvelles, une médaille ! Moi aussi, j’en ai une pour eux !). Le Medef doit se frotter les mains !

Ensuite parce qu’ils sont en train de nous détourner des seuls sujets qui vaillent la peine d’être traités :

- celui de rendre des comptes : d’une gestion crassement calamiteuse de cette crise, des mensonges d’état, de décisions complètement irrationnelles, de choix politiques uniquement pilotés par leur soif de pouvoir et d’argent (Macron est déjà en train de préparer sa réélection et a commencé à manœuvrer en douce pour faire payer la note par d’autres).

- Celui de redonner de vrais moyens à l’hôpital et d’abord de mieux payer ceux qui sont au front plutôt que de leur faire l’aumône de quelques jours de congés.

Les soignants ont été exemplaires et méritent notre plus grande admiration. Ce sont eux qui ont permis de limiter la casse. En règle générale, tous les praticiens ont eu une vision assez claire de la situation et ont su faire face avec les moyens dont ils disposaient. J’ai posté sur ma page facebook pas mal de textes et vidéos qui montrent que nombre de voix n’ont pas été entendues. L’idéologie d’état a fait Enfin, parce qu’une partie de nos « héros » a été oubliée : les « sans visage », les « petites mains », tous ceux qui nous ont permis de survivre pendant ces deux mois : les caissiers et caissières (souvent mal protégés), les livreurs, ceux qui n’ont pas pu faire de télé travail, ceux qui ont cousu des masques… A eux ni reconnaissance, ni médaille… Dans certaines grosses boites, on a promis une prime mais maintenant ça pinaille dur ! Quand vous applaudirez ce soir, ayez au moins une petite pensée pour eux.

le reste.

Dès le début du confinement les soignants ont été applaudis. Personnellement je ne l’ai jamais fait même si j’y ai reconnu un élan généreux au début. Je connais un guignol qui oblige ses enfants à applaudir chaque soir à 20h, mais surtout de manière à être bien visible de ses voisins. Combien de ceux qui ont participé à cette action n’iront plus saturer les urgences pour des petits bobos, combien n’insulteront plus le personnel soignant ? Combien sont allés faire des stocks de farine, PQ, gel hydroalcoolique… ? A Belfort, le maire a organisé une distribution de masques sur présentation d’un justificatif de domicile mais sans aucun contrôle. Au bout de 2 jours, la ville était en rupture et mes beaux-parents âgés de 85 et 80 ans n’ont pu en obtenir. Je parierais fort que certains applaudisseurs en ont récupéré bien plus que ce dont ils avaient besoin. Cherchez l’erreur !

De nombreuses voix se sont fait entendre pour demander un changement de société : un monde d’après qui serait meilleur, plus solidaire, plus respectueux… Une petite voix me dit le contraire et je crains fort que ce ne soit pire.

Je sais que mes écrits ne sont qu’un coup d’épée dans l’eau. En 2018, lorsque les gilets jaunes ont lancé leur mouvement, j’ai pensé que ce mouvement verrait naître réellement une nouvelle société mais comme tous (les GJ eux-mêmes, les syndicats…) voulaient tirer la couverture à eux, il n’y a eu aucune union et c’est bien dommage. J’ai lancé une pétition pour demander le partage des richesses ; j’ai eu 26 signataires, excusez-du peu. Aujourd’hui, les gilets jaunes ont relancé leur mouvement ; malheureusement, ils sont regardés de travers par beaucoup. Y font chier, les pauvres, avant ils se taisaient et ils baissaient la tête.

Le monde ne changera que lorsque toutes les forces d’opposition s’uniront et qu’il n’y aura plus de lutte de pouvoir. Ce n’est donc pas près de changer d’autant que les intérêts des uns et des autres sont forcément en opposition. Les riches et les puissants n’ont évidemment pas envie que cela change, les pauvres et les démunis aimeraient bien une part du gâteau. Entre les deux, il y a cette frange de la population (dont je fais partie) qui n’est pas sûre de vouloir vraiment le changement, ayant peur finalement d’y laisser des plumes. Les puissants ont encore beaucoup de jours heureux devant eux, d’autant qu’ils disposent d’un atout majeur : l’armée et les forces de police et ces dernières nous ont montré combien elles pouvaient être zélées.