Après quelques mois d’une retraite plus que méritée, j’ai eu envie de vous faire part de quelque chose qui m’est resté en travers de la gorge. Après presque 40 ans de bons et plus que loyaux services, je suis parti en retraite, anonymement, presque sur la pointe des pieds et comme un voleur. J’ai remis mes clés à mon successeur et je m’en suis allé. J’ai guetté ma boîte aux lettres pendant quelques temps et puis je me suis fait à l’idée que je ne recevrais rien. J’ai vainement attendu un petit mot de votre part (ainsi que de l’inspecteur de ma circonscription). Oh, pas grand-chose, juste quelques mots pour me remercier du temps que j’ai passé dans cette grande maison qu’est l’Éducation Nationale et pour me souhaiter bon vent. Un petit merci pour toutes ces années passées à subir le poids d’une administration lourde, pointilleuse et infantilisante, le mammouth dont parlait un certain ministre de l’Éducation Nationale. Presque quarante ans à consacrer une bonne partie de ma vie à mon école et ma classe, à partir chaque matin avec un petit nœud dans le ventre, me demandant qui, de l’administration, des parents, des élèves, voire des collègues parfois, allait le plus me pourrir la journée, à subir le poids des réformes, des nouveaux programmes, des nouveaux textes, des livrets scolaires à refaire sans cesse, des lubies de tel ou tel inspecteur quand ce n’était pas des remarques déplacées ou désobligeantes.